Marées
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  • le 12 Dec 2025 à 15h00, à [sortie de résidence] École Nationale Supérieure de Formation de l’Enseignement Agricole - Auzeville (34)

Genre : Théâtre de récit / conte contemporain

Format : solo pour un comédien

Lieux : lieux non-conventionnels, intérieur et extérieur

Durée : 50 min (durée envisagée)

Public : à partir de 9 ans, tout public

Calendrier : écriture en 2025, première en 2026

synthèse du projet

synopsis

19 septembre 2010. C’est dimanche. Sur les rivages de la plage de Sainte-Anne-la-Palud, le parking s’anime. Beaucoup cherchent leur chemin. À l’appel des associations écologistes, une manifestation contre les algues vertes a lieu sur la plage. Mais la FDSEA a organisé une contre-manifestation, en haut de la dune derrière la chapelle. Au milieu de ce spectacle inattendu, une anthropologue du Muséum interroge les participants et un clown cherche des présages dans le ciel.

un conte contemporain polyphonique

“Sur scène, un seul acteur/conteur, un récit qui se démultiplie, une corporalité qui se transforme. La scène devient une chambre d’échos : militant, chercheuse, paysan, journaliste parlent, puis surgit, au cœur de cette polyphonie, Jean Kergrist, le « clown agricole ». Il traverse le spectacle comme une mémoire en marche, un passeur entre les combats, entre l’humour et la gravité, entre le théâtre et la rue.”
Gloria de Belén Riquelme - metteuse en scène

origine du projet

Marées naît à la croisée de plusieurs élans : une recherche scientifique sur les controverses environnementales, un territoire traversé de tensions invisibles et un désir profond de théâtre comme espace de mise en relation.

C’est dans le sillage du projet FIL-AV (Fabrique de l’Information Locale autour des Algues Vertes), porté par le laboratoire Arènes de l’Université Rennes 2 et financé par le consortium IRIS-E, que la Compagnie Safar a été sollicitée pour initier une création autour du conflit des marées vertes.

La controverse écologique est à la fois locale et globale. Elle évoque les territoires, la mémoire, les luttes, les représentations sociales. Elle dit aussi notre époque saturée de discours, fracturée de récits, en quête d’espaces de résonance collective.

Ce sujet fait écho à notre pratique : un processus artistique qui documente sans figer, qui creuse sans expliquer, qui tisse à partir de matières brutes et sensibles (voix, gestes, sons, archives, objets…). Nous y avons vu l’occasion d’explorer ce que le théâtre peut offrir, c’est-à-dire un espace où les conflits ne sont pas résolus mais rendus audibles. Un lieu où l’on peut encore faire circuler des émotions, des doutes, des désaccords.

Ainsi, Marées s’inscrit naturellement dans notre démarche artistique, celle d’une dramaturgie de l’enquête et de la présence, au sein de laquelle les documents ne sont pas des preuves mais des tremblements. Ces documents sont rassemblés, partagés, habités. Ils construisent un paysage commun, que nous faisons vibrer sur le plateau..

production du spectacle

La création du spectacle Marées est en cours de production et la compagnie finalise le montage ainsi que le calendrier.

Coproductions : projet FIL-AV & Laboratoire Arènes, Le Strapontin, L’Atelier Culturel (scène conventionnée), École Nationale Supérieure de Formation de l’Enseignement Agricole- Ministère de l'Agriculture, MJC de Douarnenez

Soutien : Au Bout du Plongeoir

Partenariats universitaires en discussion : IUT de Lannion, Maison des Sciences de l'Homme en Bretagne

équipe du spectacle

écriture | Clémence Hallé (biographie ci-dessous)
mise en scène | Gloria de Belén Riquelme
interprétation | Lukaz Nedeleg
chorégraphie | Cécile Borne
création sonore | Étienne Chouzier
dispositif scénographique | Victor Melchy
création lumière | Nicolas Bazoge
costumes | Coralie Lanizac

diffusion | Erwan Yvenou, Big Bravo Spectacles

intentions

Avec Marées, nous plongeons dans une controverse bretonne, celle des algues vertes. Un conflit entre écologistes et agriculteurs, entre plages souillées et colères sociales. Une fracture locale, qui résonne partout, parce qu’elle touche à ce qui se joue aujourd’hui dans le monde : l’écologie et l’agriculture comme champs de bataille des récits.

un événement-clé

Le premier rassemblement de Sainte-Anne, plage plutôt connue pour son pardon religieux que pour les algues qui la recouvrent en été, a été organisé par les militants écologistes de la baie. Or, un groupe d’agriculteurs du bassin versant, ralliés derrière le “Collectif pour la Préservation de l’Environnement et de l’Activité Économique de la Baie de Douarnenez”, autrement dit le syndicat majoritaire, a décidé de convier un contre-rassemblement le même jour. Tandis que le rassemblement avait lieu sur la plage, le contre-rassemblement avait lieu sur la dune, près de la chapelle. On raconte que ceux et celles qui venaient à l’un se trompaient et allaient à l’autre, dans un joyeux mélange cristallisant l’apogée d’un conflit qui dure depuis la fin des années 1990.

de l'ethnographie à la dramaturgie

Marées est écrit à partir de documents de recherches, notamment une ethnographie des acteurs des deux rassemblements effectuée entre 2023 et 2024 par l’autrice. Elle a élaboré le script à partir d’entretiens qu’elle a réalisés, mais aussi de photographies, vidéos et supports de communication qu’elle a collectés, afin de reconstituer le déroulé ou l’ambiance de la double manifestation. L’autrice procède par montage, juxtaposant les éléments pour augmenter ou diminuer le sens dramatique de tel ou tel discours.

une hypothèse dramaturgique : le clow et la piste

Dans Marées, la figure du clown agricole héritée de Jean Kergrist devient un clown-mémoire, un personnage solitaire qui rejoue, à lui seul, une manifestation dont il ne reste plus rien. C’est le témoin grotesque d’un dernier combat écologique, le survivant d’une époque où les luttes étaient encore des fêtes collectives.

Il porte dans son corps la trace des luttes moribondes, la fatigue d’un monde désabusé, mais aussi cette tendresse, presque joyeuse, de la fin d’une fête, quand il ne reste que la piste vide, les fanions défaits, et le vent qui emporte les voix.

La mise en scène s’attache à cette porosité des émotions, le clown tente de raviver une flamme éteinte, de convoquer les fantômes d’une manifestation oubliée, de redonner souffle à des visages effacés. Seul en scène, il rejoue les corps absents, ressuscite les chants, les slogans, les gestes, comme s’il espérait que quelque chose puisse reprendre vie.

C’est un peu comme un cirque du désenchantement, un miroir d’une époque révolue où le théâtre devient le dernier lieu où l’on peut encore croire, ne serait-ce qu’un instant, à la puissance d’un feu éteint. Le clown est alors le symbole des combats qui agonisent. Mais dans son absurdité, il y a une beauté tenace, celle d’un être qui continue à jouer quand tout s’effondre, qui rit encore dans le désastre.

La mise en scène cherche à faire sentir cette tension entre la dérision et la croyance, entre le rire et la gravité, entre la fin et ce qui résiste à mourir.

l'acte théâtral

Marées n’est pas un spectacle sur les algues vertes, ni sur un événement précis. C’est un rituel de convocation. Un lieu où les contradictions se parlent encore, même quand plus personne n’y croit. Un théâtre du trouble, du rire et du désabusement. Et, peut-être, au fond, une tentative de rallumer une petite flamme, fragile, vacillante, dans ce paysage de fin de fête.

biographie de Clémence Hallé, autrice

Clémence Hallé est actuellement post-doctorante sur les interactions entre les controverses environnementales et les performances artistiques avec le projet FIL-AV (la Fabrique de l’Information Locale autour des Algues vertes), lauréat du consortium rennais IRIS-E (Interdisciplinary Research & Innovative Solutions for Environmental transition). Elle a obtenu son doctorat à l’École Normale Supérieure de Paris, au sein du laboratoire SACRe (Sciences, Arts, Création, Recherche), avec une thèse sur l’histoire esthétique de l’Anthropocène mais aussi en tant qu’autrice au sein de la Lighthouse Company. Elle a notamment écrit le solo Matters, interprété par le comédien Duncan Evennou, qui rejoue les discours inauguraux du groupe de géologues étudiant l’Anthropocène sur un plateau de théâtre. Clémence Hallé poursuit ainsi les recherches sur la représentation écologique qu’elle a entamées sous la direction de Bruno Latour, en prenant comme terrain d’étude son Programme SPEAP (Programme d’expéri-mentation en arts et politiques de Sciences Po) dirigé par Frédérique Aït-Touati.

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Photos : Les indigènes du 7ème continent – exposition de Cécile Borne, Jean Kergrist, Nina Coad.

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